’y retrouver dans les espèces botaniques et les types chimiques

 

La plante que l’on trouve dans les petits sachets parfumés est-elle de la lavande officinale, de la lavande vraie ou du lavandin?

Je veux utiliser de l’huile essentielle de romarin pour soulager ma bronchite, est-ce que je peux utiliser le romarin à verbénone?

Que veut dire « CT » sur l’étiquette d’une huile essentielle?

L’hélichryse est-elle italienne ou corse finalement?

Si vous avez l’impression de patauger dans les dénominations, voici quelques éléments pour mieux comprendre toutes les finesses des noms de plantes en phyto-aromathérapie.

 Comment perdre son latin avec la botanique…

 Difficile de s’y retrouver en botanique sans un minimum de latin!

Revenons à quelques notions de nomenclature…

On désigne les espèces avec deux noms latins inscrits en italique:

  • En premier, on indique le nom de genre (avec une majuscule)
  • Puis on précise l’espèce (sans majuscule).

Les LAVANDES, par exemple, sont du genre Lavandula et l’on trouvera dans ce genre plusieurs espèces:

 

🌱 La lavande à feuilles larges ou lavande aspic (Lavandula spica = Lavandula latifolia). C’est une lavande sauvage qui pousse en garrigue à basse altitude.

 

🌱 La lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia), aussi appelée lavande fine ou encore lavande d’altitude car elle pousse à plus de 600 mètres.

 

Elle comprend la lavande vraie, sauvage (Lavandula vera) et la lavande dite officinale, souvent cultivée (Lavandula officinalis).

Dans ces lavandes cultivées, on trouve plusieurs variétés (maillette, matheronne…).

🌱 La lavande stoechas (Lavandula stoechas), surnommée « lavande papillon ».

Attention, son huile essentielle contient des principes actifs dangereux pour les enfants et les femmes enceintes.

 

🌱 Le lavandin (Lavandula hybrida = Lavandula x intermedia) est un hybride entre la lavande aspic et la lavande fine (le x dans le nom latin signifie qu’il s’agit d’une espèce hybride). C’est surtout le lavandin que l’on retrouve dans les sachets pour parfumer les armoires car il est moins cher que la lavande.

 

L’identification botanique est beaucoup plus difficile dans le cas des espèces hybrides. On peut trouver des espèces d’origine sauvage et des espèces cultivées, qui se mélangent souvent entre elles car elles poussent au mêmes endroits. Les hybrides de culture sont reproduits par clonage (principe du bouturage).

 

Dans le cas du lavandin, la frontière entre les espèces et les variétés est un peu floue. On y trouve le lavandin super, le lavandin grosso ou le lavandin abrial. Ils sont parfois noté « Lavandula hybrida clone abrial/super/grosso ».

On trouve souvent des anciennes dénominations qui participent à la confusion, comme Lavandula burnatii pour le lavandin super.

Comment s’y retrouver dans les types chimiques des huiles essentielles? 

Chaque huile essentielle extraite d’une plante aromatique a une composition chimique différente. En fonction de son biotope et souvent en fonction de la saison, une huile essentielle issue de la même espèce n’aura pas forcément la même composition chimique.

Le BIOTOPE correspond à l’ensemble des conditions de vie dans lequel peuvent vivre un ensemble d’êtres vivants. Par exemple, la garrigue, la mare, la forêt de feuillus sont des biotopes.

Une plante qui aime vivre en bord de mare ne pourra probablement pas pousser dans la garrigue.

Nous avons vu que la lavande officinale a besoin d’un minimum d’altitude contrairement à la lavande aspic.

Un test spécifique (la chromatographie en phase gazeuse) permet de donner la liste de tous les composants d’une huile essentielle.

La chromatographie nous permet de savoir que l’huile essentielle de lavande officinale peut contenir jusqu’à 200 composés différents alors que l’huile essentielle de gaulthérie couchée contient à 99% un composé appelé salicylate de méthyle, un équivalent d’aspirine responsable de son activité anti-inflammatoire.

 

Cette composition est importante à connaître pour les utilisations qui en découlent et pour les précautions à prendre.

 

Le composant principal d’une huile essentielle définit son CHÉMOTYPE (= type chimique), seul garant de la qualité de l’huile en question. Chaque type chimique a des propriétés différentes, d’où l’importance de le connaître. L’aromathérapie scientifique se fonde sur cette composition pour définir les huiles adaptées à chaque problème de santé.

 

 Le chémotype est indiqué par le sigle CT sur les étiquettes.

On trouve aussi le sigle HEBBD pour « Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie ».

Alors, quelle huile essentielle de romarin choisir pour soulager une bronchite?

Prenons l’exemple du ROMARIN pour illustrer cette notion de chémotype.

La même espèce botanique (Rosmarinus officinalis) donne 3 types chimiques principaux d’huile essentielle en fonction du biotope.

 

🌱 Le romarin à cinéole (romarin CT cinéole): cultivé surtout au Maroc et en Tunisie, son action principale cible les problèmes respiratoires. C’est celui-ci que l’on choisira pour accompagner le traitement d’une bronchite.

 

🌱 Le romarin à camphre (romarin CT camphre): on le trouve surtout en Provence et il est plutôt utilisé comme décontractant musculaire.

🌱 Le romarin à verbénone (romarin CT verbénone): issu quasiment uniquement de la Corse. Son action cible surtout le foie et la sphère digestive. C’est aussi un actif intéressant en cosmétique pour son action régénérante de la peau.

Et si vous avez envie de pratiquer la reconnexion à la nature avec les plantes aromatiques, vous pouvez télécharger la fiche « Le parfum du romarin » ICI.

 

Et pour le lavandin?

 Dans le cas du LAVANDIN (Lavandula hybrida), différentes variétés donnent chacune une huile différente mais dont la composition sera assez stable en fonction du biotope. Pas besoin alors de préciser le chémotype, seule la mention de la variété (le clone) est importante:

 

🌱 Le lavandin super (Lavandula x intermedia var. super) se rapproche le plus de la lavande fine. Il trouve sa place en parfumerie et en aromathérapie pour ses propriétés relaxantes.

 

🌱 Le lavandin abrial (Lavandula x intermedia var. abrial) est plus camphré. Il est souvent utilisé chez les sportifs pour soulager les courbatures musculaires.

 

🌱 Le lavandin grosso (Lavandula x intermedia var. grosso) a le meilleur rendement en distillation. Il est meilleur marché mais son odeur est moins fine: il est surtout utilisé comme agent parfumant dans les lessives et les savons.

 

Le cas de l’HÉLICHRYSE ITALIENNE est encore plus complexe!

 

Un casse-tête botanique et chimique pour les débutants en aromathérapie 😉

 

Il y a différentes espèces d’hélichryse (genre Helichrysum) dont l’espèce Helichrysum italicum.

Mais qui ne pousse pas forcément en Italie! Elle a simplement été identifiée pour la première fois en 1830 dans ce pays.

On l’appelle aussi immortelle car ses capitules fleuris cueillis à maturité gardent leur couleur jaune pendant très longtemps.

 

On trouve plusieurs sous-espèces d’hélichryse italienne et leur distillation donne des qualités d’huile essentielle très différentes en fonction de l’endroit où elles poussent et de la nature de la plante (plante sauvage ou cultivée).

L’huile essentielle d’hélichryse italienne issue de la cueillette sauvage dans les Balkans, par exemple, ne sera pas aussi efficace que celle issue de la plante sauvage qui pousse en Corse.

Le principe actif responsable de l’action anti-hématome qui a fait la réputation de l’hélichryse (l’italidione) est plus important dans l’huile essentielle de Corse.

 

Dans ce cas-là, vérifiez que l’huile essentielle provient bien d’une plante poussant en Corse et c’est encore mieux si vous avez la mention « CT italidione » sur l’étiquette.

 

Gardez à l’esprit que la production d’huile essentielle nécessite des quantités très importantes de matière première végétale.

 

Il faut par exemple 1 tonne d’hélichryse fraîche pour obtenir 1 à 3 kg d’huile essentielle, soit entre 100 et 300 flacons de 10 ml.

 

On estime à 0.5 tonnes la production annuelle d’huile essentielle d’hélichryse sauvage corse, ce qui correspond à plus de 500 tonnes de plante fraîche sauvage!

Mieux vaut utiliser les huiles essentielles avec parcimonie pour épargner les plantes, surtout en cueillette sauvage. La distillation d’hélichryse italienne en Corse se fait beaucoup à partir de l’espèce sauvage, même si on assiste à une augmentation des parcelles de plante de culture. Une cueillette excessive pour les besoins de l’aromathérapie contribue à diminuer la ressource.

 

Pour ceux qui ne sont pas rebutés par la botanique et la chimie, voici un rapport instructif de France Agrimer (établissement national des produits de l’agriculture et de la mer) sur la thématique des liens entre biotope et composition de l’huile essentielle d’hélichryse italienne: ICI

 

La monographie de l’hélichryse italienne établie par wikiphyto (site de référence en ligne concernant la phytothérapie) se trouve ICI.

 

Et si vous souhaitez télécharger notre Fiche mémo sur l’utilisation des huiles essentielles, c’est ICI.

 

Bon voyage au cœur des plantes aromatiques!